"Chants de Maldoror, 1" de Lautréamont (1874)
Sauver la vie à quelqu’un , que c’est beau ! Et comme cette action rachète de fautes ! L’homme aux lèvres de bronze , occupé jusque - là à l’arracher de la mort , regarde le jeune homme avec plus d’attention , et ses traits ne lui paraissent pas inconnus . Il se dit qu’entre l’asphyxié , aux cheveux blonds , et Holzer , il n’y a pas beaucoup de différence . Les voyez - vous comme ils s’embrassent avec effusion ! N’importe ! L’homme à la prunelle de jaspe tient à conserver l’apparence d’un rôle sévère . Sans rien dire , il prend son ami qu’il met en croupe , et le coursier s’éloigne au galop . Ô toi , Holzer , qui te croyais si raisonnable et si fort , n’as - tu pas vu , par ton exemple même , comme il est difficile , dans un accès de désespoir , de conserver le sang - froid dont tu te vantes . J’espère que tu ne me causeras plus un pareil chagrin , et moi , de m