"Philémon et Baucis" de Ovide (1er siècle)
Alors le fils de Saturne leur adresse ces bienveillantes paroles : « Vieillard, ami de la justice, et vous, femme digne d’un tel époux, parlez, quels sont vos vœux ? » Les deux vieillards confèrent un moment ensemble, et Philémon se faisant l’interprète de leurs communs souhaits : « Le ministère et la garde de vos autels, dit-il, voilà notre seule ambition ; et puisque notre vie s’est écoulée au sein de la concorde, puisse la même heure y mettre fin ! Puissé-je ne point voir le bûcher de mon épouse, puissé-je ne pas être déposé par elle dans le tombeau ». Leurs vœux furent exaucés ; ils conservèrent la garde du temple le reste de leur vie. Un jour que, chargés d’ans, et assis sur les degrés du temple, ils contaient à des voyageurs l’histoire de ces lieux, Baucis voit Philémon se couvrir de feuillage, Philémon voit Baucis se couvrir de rameaux ; déjà une froide écorce atteint leur visage et l’enveloppe par degrés. Tant qu’ils peuvent parler, ils échangent de tendres paroles : leurs adieux se confondent dans un même adieu, et leurs bouches disparaissent en même temps sous le bois qui les couvre. L’habitant de Tyane montre encore l’un à côté de l’autre les deux troncs qui renferment leurs corps.
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